L’un des jésuites arrêtés par la junte en Argentine publie une déclaration
Le P. Jalics, arrêté en 1976 avec son conférère jésuite, le P. Yorio, par les militaires argentins, explique les circonstances de cette arrestation.
Il se refuse à attribuer une quelconque responsabilité au pape François – alors provincial des jésuites – dans cette affaire
Sur le site de la province d’Allemagne des jésuites, le P. Franz Jalics, jésuite, enlevé avec le P. Yorio par la junte militaire en mai 1976, a publié vendredi 15 mars 2013 une courte « déclaration ». Une controverse a effectivement surgi depuis l’élection comme pape du cardinal Jorge Bergoglio, ancien provincial des jésuites d’Argentine et ancien archevêque de Buenos Aires, sur son rôle éventuel dans cette arrestation. En effet, trois mois avant celle-ci, il avait enjoint les deux jésuites de quitter leur bidonville. Pour certains, cette décision a pu être interprétée par la junte comme un « lâchage ».
«Je vivais à Buenos Aires depuis 1957, commence le P. Franz Jalics, d’origine hongroise. En 1974, poussé par le désir intérieur de vivre l’Évangile et rendre visible la terrible pauvreté, avec la permission de l’archevêque de Buenos Aires et du Père Provincial, alors Jorge Mario Bergoglio, je me suis installé avec un camarade dans une « favela », un bidonville. De là, nous avons continué notre enseignement à l’Université ».
Vous n’êtes pas à blâmer
« Dans notre quartier, nous n’avions tous les deux de contact ni avec la junte ni avec la guérilla », assure le P. Jalics. Selon lui, c’est la décision d’un de leurs collaborateurs, un « laïc » avec lequel ils avaient « perdu contact », de rejoindre la guérilla, qui a porté sur eux les soupçons de la junte. « Neuf mois plus tard, il a été capturé par les soldats de la junte et interrogé, et ils ont découvert qu’il était avec nous », raconte encore le jésuite.
« C’est avec l’hypothèse que nous avions des liens avec les guérilleros que nous avons été arrêtés. Mais après un interrogatoire de cinq jours, l’officier qui avait mené l’enquête s’est exprimé en ces termes : ‘Pères, vous n’étiez pas à blâmer. Je vais faire en sorte que vous puissiez revenir dans le bidonville’. Malgré cet engagement, d’une façon inexplicable, nous sommes restés détenus pendant cinq mois les yeux bandés et les mains menottées. Je ne peux pas commenter le rôle du P. Bergoglio dans ce processus », déclare-t-il sobrement.
Le P. Jalics souligne seulement avoir quitté l’Argentine après sa libération et avoir eu l’occasion d’échanger « quelques années plus tard » avec le P. Bergoglio, nommé entre-temps archevêque de Buenos Aires, « pour discuter des événements ». « Ensuite, nous avons célébré la messe en public et nous nous sommes embrassés solennellement. En ce qui me concerne, je suis réconcilié avec ces événements et considère en avoir terminé », conclut-il en adressant ses bénédictions au pape François pour son pontificat.